Pourquoi ces cépages ont-ils été abandonnés ?
L'essor de la viticulture moderne a favorisé la concentration autour de quelques cépages à fort rendement et adaptables à divers terroirs.
Le phylloxéra, les gels historiques et les politiques de rationalisation des appellations ont aussi contribué à l'abandon de certaines variétés locales, jugées trop sensibles ou peu productives.
Toutefois, ces cépages possèdent souvent des caractéristiques uniques en termes déarômes, de structure tannique et d'adaptabilité aux terroirs difficiles.
Les cépages oubliés interdits
Certains cépages oubliés ont été interdits pour diverses raisons : toxicité, rendement trop faible ou incompatibilité avec les normes viticoles actuelles.
Parmi eux, le Noah, le Clinton et l'Isabelle, tous trois issus de croisements avec des vignes américaines résistantes au phylloxéra, ont été bannis en France au début du XXe siècle.
Ces cépages étaient accusés de produire un vin au goût "foxé" (musqué et terreux) et de contenir des niveaux supposément élevés de méthanol, bien que cette affirmation soit aujourd'hui contestée.
Malgré leur interdiction, ces cépages subsistent dans certaines régions et font l'objet de tentatives de réhabilitation.
En Italie, par exemple, le Clinton est encore cultivé sous le nom de Clinto et consommé en vin de table.
Dans les Pyrénées et en Ardèche, des vignerons militants cherchent à faire revivre ces variétés pour leur rusticité et leur résistance naturelle aux maladies.
Quelques cépages oubliés à redécouvrir
Le romorantin (vallée de la loire)
Introduit par François Ier, le Romorantin est aujourd'hui confiné à l'appellation Cour-Cheverny.
Ce cépage blanc tardif donne des vins tendus et minéraux, avec des notes d'agrumes, de fruits secs et de miel en vieillissant.
Sa structure acide le prédispose à une belle garde.
Le persan (savoie et vallée du rhône)
Ce cépage rouge ancestral, originaire de la Maurienne, a failli disparaître au profit des cépages rhodaniens plus connus.
Redécouvert par des vignerons passionnés, il offre des vins profonds aux tanins fins, marqués par des arômes de fruits noirs, de violette et d'épices.
Le pineau d'aunis (vallée de la loire)
Utilisé principalement pour des rosés et rouges légers, le Pineau d'Aunis se distingue par ses notes épicées de poivre blanc et sa vivacité en bouche.
Il retrouve aujourd'hui une popularité croissante grâce à son caractère frais et digeste.
Le tibouren (provence)
Très rare et souvent assemblé au Grenache et au Cinsault, le Tibouren est particulièrement adapté aux rosés provençaux.
Ses arômes de garrigue, de petits fruits rouges et sa finesse en bouche en font un cépage d'exception.
L'arbane et le petit meslier (champagne)
Ces cépages blancs, historiquement présents en Champagne, offrent une alternative aux classiques Chardonnay et Pinot Meunier.
L'Arbane apporte une acidité tranchante et des notes florales, tandis que le Petit Meslier est apprécié pour sa vivacité et ses arômes d'agrumes.
Un renouveau porté par la biodiversité et le changement climatique
Le retour de ces cépages oubliés n'est pas seulement un hommage à la tradition, mais aussi une réponse aux enjeux actuels.
Certains d'entre eux se révèlent plus résistants aux maladies ou mieux adaptés à des climats plus chauds, ce qui en fait des atouts pour la viticulture de demain.
Les vignerons visionnaires qui réhabilitent ces variétés permettent aux amateurs de vin de découvrir des expressions uniques du terroir.
Comment les déguster ?
Les vins issus de ces cépages oubliés se trouvent encore en quantités limitées, souvent chez des vignerons passionnés et engagés.
Ils offrent une expérience sensorielle hors des sentiers battus, idéale pour les amateurs en quête d'authenticité et de nouvelles découvertes.
Tout comme la famille Strawbridge a redonné vie à un château délaissé, certains vignerons s'emploient à restaurer un patrimoine viticole menacé.
Leur engagement rappelle que l'histoire et la tradition peuvent être réinventées pour offrir une seconde jeunesse à des joyaux oubliés.
En somme, redécouvrir ces cépages oubliés, c'est plonger dans l'histoire viticole et déguster un pan du patrimoine qui aurait pu s'effacer.
La prochaine fois que vous cherchez un vin original, pourquoi ne pas opter pour un de ces trésors cachés ?