Pourquoi déguster un vin ?
Rassure-toi, l'objectif de cet article n'est pas de te transformer en bête de concours prête à rivaliser avec les meilleurs dégustateurs du monde. L'idée, c'est plutôt de désacraliser la dégustation du vin. Et, de te montrer que tu peux te lancer dans cet exercice quel que soit ton niveau et tes connaissances en vin.
Avant d'aller plus loin, commençons par répondre à une question essentielle : à quoi cela sert de déguster ? Finalement, quand on aime un vin pourquoi ne pas simplement se contenter de le boire ?
Eh bien, en vérité, on peut voir la dégustation comme une façon de faire durer le plaisir. Plutôt que de simplement avaler une gorgée, l'idée, c'est de découvrir le vin que tu as dans ton verre, à travers 3 étapes clés, puis de mettre des mots sur les sensations que tu auras ressenties.
En t'exerçant à déguster, tu apprendras à la fois à mieux connaître le vin, et surtout à mieux connaître tes goûts et à comprendre pourquoi un vin te plaît ou ne te plaît pas. Ce qui t'aidera ensuite à trouver plus facilement les vins parfaits pour toi. Parce que finalement, le meilleur vin, c'est avant tout celui qui te convient !
Apprendre à déguster : mise en condition
Les conditions pour déguster un vin
Pour bien déguster, il faut être dans de bonnes conditions
Avant de passer à la dégustation à proprement parler, parlons des conditions pour une bonne dégustation.
Déjà, évite de faire ça dans un endroit mal éclairé et bourré d'odeurs parasites (odeurs de cuisine, tabac froid, etc.) car ça risque de fausser tes sensations.
Ensuite, si tu fumes, évite de le faire juste avant de déguster un vin puisque le goût du tabac va masquer celui du vin. En réalité, l'idéal, c'est d'avoir un palais « propre » au moment de la dégustation.
Si tu es enrhumé(e), remets ta dégustation à plus tard, car ton nez est un outil essentiel pour déguster correctement. Il va, en effet, te servir à sentir le vin, mais aussi à percevoir ses arômes en bouche via le phénomène de rétro-olfaction. Si tu en doutes, goûte un aliment « normalement » puis en te bouchant le nez et tu verras que tu auras absolument différentes perceptions.
Last but not least, choisis un verre adapté ! Pour faire simple, un verre à vin adapté, c'est un verre à pied (exit, donc les verres à moutarde), transparent (exit les verres colorés), avec une base arrondie un peu large et une partie supérieure plus resserrée.
Apprendre à déguster : une valse sensorielle à 3 temps
Ça y est, maintenant que tu es dans de bonnes conditions, passons aux choses sérieuses ! Déguster un vin se fait en 3 étapes, et chacune d'elle va faire travailler tes sens.
La vue
La prmière étape, c'est l'observation. Elle va consister à examiner la couleur du vin (la fameuse « robe ») en mettant ton verre au-dessus d'une surface blanche (une feuille de papier ou une nappe par ex) et en observant notamment les bords du liquide.
Ce que tu vas regarder c'est si le vin est brillant ou plutôt terne et si sa couleur est plus ou moins intense.
En gros, les vins rouges vont du rouge violacé au rouge orangé. Les reflets violacés sont plutôt signes de jeunesse alors que les couleurs orangées/tuilées évoquent des vins plus vieux.
Pour les vins blancs, la palette de couleurs va du jaune citron avec des reflets verts au jaune or et légèrement orangé. Là encore, les nuances orangées sont essentiellement le signe de vins âgés.
Le nez
Maintenant que tu as déshabillé visuellement ton vin, c'est le moment de mettre le nez dedans !
Pour le sentir, tu vas faire ça en deux temps. D'abord, sans avoir agité le verre au préalable, pour sentir ce qu'on appelle le premier nez.
Puis, tu fais pareil après avoir fait tourner ton verre quelques secondes en le tenant par la jambe, la partie qui relie le pied du verre à sa partie supérieure, afin de libérer les arômes au contact de l'air.
C'est ce qu'on appelle le second nez.
En sentant le vin, tu pourras déterminer s'il a un problème. S'il sent mauvais, par exemple, c'est souvent signe qu'il a un défaut. Si les arômes qu'il dégage sont intenses ou au contraire très légers et si ces fameux arômes sont plutôt floraux, fruités, végétaux, épicés, etc.
La bouche
Tu as observé le vin, tu l'as senti, maintenant, c'est enfin le moment de le goûter. Mais, attention, le but n'est pas de l'avaler d'une traite ! Au contraire, lors de cette étape, tu vas garder le vin plusieurs secondes en bouche en le faisant circuler pour que les arômes se diffusent et pour favoriser la fameuse rétro-olfaction.
Pour la méthode, tu peux choisir de « grumer » (en faisant rentrer un peu d'air alors que tu as le vin en bouche) ou de « mâcher » (plus ou moins comme tu le ferais pour un aliment solide). À toi de voir quelle méthode te convient le plus.
Ensuite, tu recraches le tout dans un crachoir ou dans tout autre récipient remplissant la même fonction.
Un peu comme la phase olfactive, la phase gustative se décompose en différentes étapes.
Tu vas d'abord te concentrer sur ta première impression au moment de mettre le vin en bouche. C'est ce qu'on appelle l'attaque.
Puis, tu vas déterminer ce que tu ressens en milieu de bouche.
L'ensemble te paraît-il équilibré ou au contraire y a-t-il une sensation qui ressort davantage qu'une autre ?
- Côté sucré
- amer
- acide ou salé
- côté alcooleux
- côté un peu rugueux
- tanins trop présents
Quels sont les arômes qui ressortent ?
C'est aussi à ce moment-là que tu vas évaluer si le vin te semble léger et fluide en bouche ou si au contraire il a du volume et de la matière (le fameux « corps » du vin).
Une fois le vin recraché, concentre-toi sur tes sensations pour juger de la longueur du vin.
As-tu l'impression que les saveurs de ton vin persistent dans ta bouche ou qu'au contraire, elles disparaissent immédiatement ?
Est-ce que ces saveurs se transforment pour te donner une impression désagréable (comme un arrière-goût) ?
Les meilleurs vins ont souvent des saveurs agréables qui restent en bouche plusieurs secondes après avoir recraché ou avalé.
En conclusion...
Voilà, tu connais désormais les bases pour déguster un vin. Après, comme on dit, « c'est en forgeant qu'on devient forgeron » donc il te suffit de pratiquer pour progresser.
Garde en tête que concernant les arômes que tu sens au nez ou en bouche, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. L'important, c'est de te concentrer sur ce que tu ressens toi, sur ce que ça t'évoque à toi.
Si tu as passé ta jeunesse à humer les fleurs dans le jardin de ta grand-mère, tu identifieras sûrement plus facilement les arômes floraux. Si tu as l'habitude d'en utiliser régulièrement dans ta cuisine, tu percevras plus rapidement les notes d'épices.
Dans le même genre, si tu rajoutes du citron un peu partout, ta perception de l'acidité d'un vin ne sera pas la même que celle d'une personne qui déteste les mets acides.
Bref, tout ça pour dire que la dégustation, cela reste très subjectif. Donc ne stresse plus et lance-toi !
Et si tu as l'impression de ne pas avoir le « bon vocabulaire » pour décrire ton ressenti, ce n'est pas grave.
Tu peux parfaitement t'en sortir grâce à tes mots à toi et en faisant des périphrases ou des comparaisons avec des choses qui n'ont rien à voir avec le vin.
L'important, c'est de décrire ton impression globale, de déterminer si oui ou non ce vin t'a plu et de tenter de comprendre pourquoi.
Le reste, on s'en fiche !