- La naissance du Champagne
- Dom Pérignon est-il l'inventeur du Champagne ?
- Le vignoble de Champagne
- Les cépages de la Champagne
- L'échelle des crus en Champagne
- Le dosage du Champagne
- L'élaboration du Champagne
- Les différentes tailles de bouteilles de Champagne
- Lire une étiquette de Champagne
- L'ouverture d'une bouteille de Champagne
- Peut-on carafer un Champagne ?
- À quelle température servir un Champagne ?
- Un Champagne peut-il vieillir ?
- Comment conserver un Champagne ?
- Les conseils pour l'achat d'un vieux Champagne
- Les salons de dégustation d'avril
La naissance du Champagne
La vigne est présente depuis des siècles en Champagne. Elle aurait gagné la région vers le IVe siècle de notre ère et se serait propagée à partir du VIIe siècle, avec le développement de la viticulture princière et ecclésiastique. Mais, les vins élaborés sont à l'époque des vins tranquilles, principalement rouges.
Ce n'est qu'à la toute fin du XVIIe siècle que le vin effervescent apparaît en Champagne, avec une première référence dans un texte en 1700.
Étonnamment toutefois, le vin de Champagne pétillant serait né quelques décennies auparavant en Angleterre, vers 1660, où les vins arrivent en tonneaux et sont mis en bouteilles pour en faire des vins effervescents.
Une date importante est 1728, lorsque Louis XV autorise, par arrêté royal du 25 mai, le transport du vin en paniers de 50 et 100 bouteilles. Le vin mousseux, jusqu'ici destiné à une consommation locale, pourra alors être commercialisé plus largement et naît ainsi, en 1729, la première maison de Champagne : Ruinart. La production de vin effervescent reste cependant confidentielle, moins de 1% de l'ensemble des vins élaborés en Champagne à la fin du XVIIIe siècle. Il faudra attendre les années 1840 pour que les techniques d'élaboration soient mieux maîtrisées, en particulier la prise de mousse qui pouvait entraîner la casse de nombreuses bouteilles. La production de vins effervescents dépassera alors très vite celle des vins tranquilles.
Dom Pérignon est-il l'inventeur du Champagne ?
Le moine Dom Pierre Pérignon est l'un des grands personnages de la Champagne, mais contrairement à ce que l'on peut lire ici et là, il n'est pas l'inventeur des vins effervescents, bien qu'apparus dans la région à son époque. Aucun texte du moine, ni d'un autre ayant vécu à son époque, n'y font jamais référence. Aucun écrit ni aucune biographie n'évoqueront même une telle paternité au cours du siècle et demi qui suivit son décès.
Dom Pierre Pérignon n'en est pas moins un acteur majeur de la région, ayant joué un grand rôle dans le perfectionnement des techniques d'élaboration des vins, alors tranquilles, et ayant bénéficié d'une grande réputation pour cette raison. En 1668, le jeune moine rejoint l'Abbaye bénédictine d'Hautvillers, au nord d'Epernay, dans la Vallée de la Marne. Il en est nommé procureur et exercera les fonctions d'intendant et cellérier. Il s'intéressera également au travail de la vigne et à l'élaboration des vins, jusqu'à son décès en 1715. Pendant toutes ces années, il aura eu l'ambition de créer « le meilleur vin du monde ». Il mit notamment en lumière les bénéfices de l'assemblage de raisins de diverses origines et qualités : sublimer les vins par rapport à ce qu'ils sont dans leur individualité.
Le vignoble de Champagne
Le vignoble de Champagne compte près de 34.000 hectares de vignes, réparties dans 319 crus (communes) sur cinq départements : la Marne, l'Aube, l'Aisne, la Haute-Marne et la Seine-et-Marne. La particularité de la Champagne est de ne posséder qu'une seule appellation pour les vins effervescents : l'AOC Champagne. Pour autant, la région se divise en quatre principaux vignobles.
La Montagne de Reims s'étend du nord au sud, entre Reims et Epernay, au cœur du Parc Naturel Régional de la Montagne de Reims. Le Pinot noir s'y trouve particulièrement adapté et recouvre une bonne partie du vignoble. 10 villages y reçoivent l'appellation Grand Cru parmi lesquels Ambonnay et Bouzy.
La Vallée de la Marne s'étend de l'est à l'ouest, entre Epernay et Château-Thierry. Le terroir y est marneux, argileux ou sableux. Si à l'est d'Epernay, le vignoble est dominé par le Pinot Noir, dès lors que l'on se dirige vers l'ouest, le Meunier devient majoritaire. Deux villages y reçoivent l'appellation Grand Cru : Aÿ et Tours-sur-Marne.
La Côte des Blancs s'étend au sud d'Epernay, de Chouilly à Bergères-lès-Vertus. Elle est, comme son nom l'indique, la terre du Chardonnay, raisin blanc à jus blanc, qui couvre près de 95% de la surface du vignoble. La craie y est affleurante, constituant un réservoir d'eau important pour la vigne. Cette région possède également de beaux villages classés Grand Cru parmi lesquels Le Mesnil-sur-Oger et Avize.
La Côte des Bar est le vignoble de l'Aube et se trouve bien plus au sud, à quelques dizaines de kilomètres de Chablis. Le cépage dominant est le Pinot noir. À tort, cette région est moins connue et réputée. Elle compte pourtant quelques magnifiques producteurs et de beaux villages parmi lesquelles Les Riceys, célèbre par ailleurs pour ses vins rosés tranquilles.
Les cépages de la Champagne
Le vignoble de Champagne compte trois principaux cépages qui peuvent entrer dans l'élaboration des vins : le Pinot noir et le Meunier (deux raisins noirs à jus blanc), ainsi que le Chardonnay (raisin blanc à jus blanc).
Le Pinot noir représente 39% de la surface plantée. On le trouve surtout dans la Montagne de Reims et la Cote des Bar. Il offre aux vins de la structure, de la puissance et s'exprime généralement sur des notes de fruits rouges. Le Meunier représente quant à lui 33% de la surface plantée. On le trouve notamment dans la Vallée de la Marne et il apporte au vin de la rondeur et un fruité gourmand. Le Chardonnay, lui, est planté sur 28% de la surface du vignoble. Son terroir de prédilection est la Côte des Blancs, à la craie affleurante. Cépage de longue garde, il donne au vin finesse, élégance, tension et s'exprime sur les agrumes et des notes florales et minérales.
Mais, quatre autres cépages sont également autorisés en Champagne, des cépages d'autrefois qui ne représentent que 0,3% de la surface du vignoble : l'Arbane, le Pinot blanc, le Petit Meslier et le Pinot gris. Bien que ces cépages soient anecdotiques, certains vignerons font le choix de créer des cuvées spéciales à partir de ces cépages d'Antan.
L'échelle des crus en Champagne
En Champagne, 319 communes sont dans l'aire d'appellation « Champagne ». Depuis 1920, elles sont classées en fonction de la qualité des raisins qu'elles produisent sur une échelle allant de 80 à 100%. Cette échelle permet d'établir le prix du raisin entre négociants et vignerons, à partir d'un prix de référence fixé par le Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne.
Les communes de la meilleure qualité sont classées à 100% sur l'échelle des crus et reçoivent la mention « Grand Cru ». Elles sont au nombre de 17. Les communes classées de 90 à 99% peuvent quant à elles revendiquer la mention « Premier Cru ». Elles sont au nombre de 44. Les 260 communes restantes, qui représentent 70% du vignoble, sont classées sur une échelle allant de 80 à 89% et ne bénéficient d'aucune mention.
Il est ainsi possible d'apposer la mention « Grand Cru » sur un champagne, dès lors qu'il est élaboré uniquement à partir de raisins provenant des communes classées à 100% sur l'échelle des crus. La mention « Premier Cru » peut quant à elle être apposée sur les champagnes élaborés à partir de raisins provenant de communes Premier Cru, mais également de raisins issus de Premier et Grand Cru.
Les 17 communes classées « Grand Cru » : Ambonnay, Avize, Ay, Beaumont-sur-Vesle, Bouzy, Chouilly (uniquement pour le Chardonnay), Cramant, Louvois, Mailly-Champagne, Le Mesnil-sur-Oger, Oger, Oiry, Puisieulx, Sillery, Tours-sur-Marne (uniquement pour le Pinot noir), Verzenay et Verzy.
Les 44 communes classées « Premier Cru » : Avenay-Val-d'Or, Bergères-lès-Vertus, Bezannes, Billy-le-Grand, Bisseuil, Chamery, Champillon, Chigny-lès-Roses, Chouilly (classée Grand Cru pour le Chardonnay, mais Premier Cru pour le Pinot noir), Coligny (uniquement pour le Chardonnay), Cormontreuil, Coulommes-la-Montagne, Cuis, Cumières, Dizy, Ecueil, Etrechy (uniquement pour le Chardonnay), Grauves, Hautvillers, Jouy-lès-Reims, Ludes, Mareuil-sur-Ay, Les Mesneux, Montbré, Mutigny, Pargny-lès-Reims, Pierry, Rilly-la-Montagne, Sacy, Sermiers, Taissy, Tauxières, Tours-sur-Marne (classée Grand Cru pour le Pinot noir, mais Premier Cru pour le Chardonnay), Trépail, Trois-Puits, Vaudemanges, Vertus, Villedommange, Villeneuve-Renneville, Villers-Allerand, Villers-aux-Nœuds, Villers-Marmery, Voipreux et Vrigny.
Le dosage du Champagne
Le dosage est la dernière étape durant laquelle le vigneron ou chef de caves peut intervenir sur le vin lui-même, par l'ajout – ou pas – d'une certaine quantité de sucre au Champagne, après dégorgement. Bien que le vin effervescent soit déjà réalisé en lui-même, il s'agit d'une étape importante, qui peut avoir une grande influence sur la qualité finale du vin. Il permet également de déterminer un style.
En effet, en fonction de la teneur en sucre du vin (sucres naturels provenant du raisin + dosage), le champagne aura une terminologie différente (définie par l'Union européenne) :
- Brut nature : la teneur en sucre doit être inférieure à 3 grammes par litre, sachant qu'aucun dosage ne peut ici être réalisé (il n'y a donc aucun sucre ajouté).
- Extra-brut : la teneur en sucre doit être située entre 0 et 6 grammes par litre.
- Brut : la teneur en sucre doit être inférieure à 12 grammes par litre.
- Extra-dry : la teneur en sucre doit être située entre 12 et 17 grammes par litre.
- Sec : la teneur en sucre doit être située entre 17 et 32 grammes par litre.
- Demi-sec : la teneur en sucre doit être située entre 32 et 50 grammes par litre.
- Doux : la teneur en sucre doit être supérieure à 50 grammes par litre.
En 2009, ces limites ont été légèrement modifiées. Une tolérance de plus ou moins 3 grammes par litre a été introduite pour la teneur en sucre du vin, par rapport à l'inscription de l'étiquette.
L'élaboration du Champagne
En Champagne, les vendanges ont généralement lieu en septembre. Les raisins sont alors récoltés puis pressés pour en recueillir les jus. Après un débourbage, afin de les séparer des particules solides issues des peaux, pépins et rafles, ces jus sont soutirés puis rejoignent les contenants de vinification (cuves, inox ou acier émaillé, fûts, foudres...). Une première fermentation, dite fermentation alcoolique, va alors avoir lieu : les levures qui auront été le plus souvent ajoutées au moût vont transformer les sucres des jus en alcool et gaz carbonique. On obtient ainsi un vin, non encore effervescent à ce stade.
Après un temps plus ou moins long d'élevage, les vins seront clarifiés puis assemblés pour obtenir le style et la cuvée souhaités. Ils seront mis ensuite en bouteilles pour la seconde fermentation, dite « prise de mousse », après avoir ajouté au vin clair une liqueur dite « de tirage », composée notamment de sucre et de levures. Ces levures vont consommer le sucre et libérer dans le vin de l'alcool (1 à 1,5% supplémentaire) et du gaz carbonique. Comme la bouteille est parfaitement imperméable, ce gaz est emprisonné et le vin devient effervescent.
Il s'ensuit un vieillissement en cave d'au moins 15 mois pour les non millésimés et 3 ans pour les millésimés, avant que les bouteilles ne soient remuées, c'est-à-dire progressivement tournées et retournées la tête en bas, afin que le dépôt de levures mortes qui s'est formé au moment de la prise de mousse glisse et se concentre au niveau du goulot. Les bouteilles sont ensuite dégorgées afin d'expulser ce dépôt et éviter ainsi qu'il vienne troubler le vin. À l'issue de ce dégorgement, on ajoute le plus souvent une liqueur composée de vin et de sucre de canne très pur. En fonction de sa teneur en sucre (sucres naturels provenant du raisin + dosage), le champagne prendra une terminologie différente : Extra-Brut, Brut ou encore Demi-Sec. Les bouteilles sont ensuite fermées avec un bouchon de liège, coiffées d'une capsule tenue par un muselet et habillées. Le Champagne est désormais prêt à être commercialisé.
Les différentes tailles de bouteilles de Champagne
Il existe une dizaine de tailles de bouteille de Champagne différentes.
- Quart (20 cl)
- Demi-bouteille (37,5 cl)
- Bouteille (75 cl)
- Magnum (1,5 litre – 2 bouteilles)
- Jéroboam (3 litres – 4 bouteilles)
- Rhéoboam (4,5 litres – 6 bouteilles)
- Mathusalem (6 litres – 8 bouteilles)
- Salmanazar (9 litres – 12 bouteilles)
- Balthazar (12 litres – 16 bouteilles)
- Nabuchodonosor (15 litres – 20 bouteilles)
- Salomon (18 litres – 24 bouteilles)
- Souverain (26,25 litres – 35 bouteilles)
- Primat (27 litres – 36 bouteilles)
- Melchizédec (30 litres – 40 bouteilles)
En principe, les vins sont élaborés et commercialisés dans la bouteille à l'intérieur de laquelle a été réalisée la prise de mousse. Pour les contenants d'une capacité inférieure à la demi-bouteille et supérieure au jéroboam, le transvasement après dégorgement est autorisé en raison de leur fragilité et des difficultés de manipulation (remuage, dégorgement, etc.). La seule exception concerne les demi-bouteilles pour lesquelles, à l'exception des millésimes, le transvasement est autorisé dans une certaine limite (20 % de la quantité élaborée en demi-bouteilles lors de l'année civile précédente).
Pour l'anecdote, la maison Drappier est la seule maison à proposer des Melchizédec dans lesquels la prise de mousse est réalisée. À elle seule, la bouteille vide coûte près de 900 euros et sur la trentaine de bouteilles qu'ils produisent par an, 30 à 40% ne résistent pas à la pression et finissent par exploser.
Lire une étiquette de Champagne
Il est parfois utile de savoir lire l'étiquette d'une bouteille de Champagne, qui peut être très riche d'enseignements. Les mentions qui doivent ou peuvent y figurer sont les suivantes :
La dénomination « Champagne » : elle est l'unique appellation d'origine contrôlée (AOC) pour les vins effervescents de la région. Il est d'ailleurs utile de rappeler qu'il n'y a de Champagne que de la Champagne : les seuls vins effervescents pouvant ainsi recevoir cette appellation sont ceux élaborés dans cette région, à partir des raisins récoltés dans le périmètre de l'AOC.
Le producteur et la commune d'élaboration : le village indiqué n'est pas nécessairement celui de provenance des raisins, la plupart des champagnes étant issus d'un assemblage de plusieurs crus.
Le statut du producteur : il est indiqué par deux initiales, très importante. Celles que l'on rencontre le plus souvent sont RM (Récoltant-Manipulant – le vigneron élabore son Champagne exclusivement à partir de raisins des vignes qu'il exploite), NM (Négociant-Manipulant – le producteur élabore son Champagne avec les raisins de ses propres vignes et/ou ceux achetés à d'autres vignerons), RC (Récoltant-Coopérateur – le vigneron apporte ses raisins à une coopérative et récupèrent ensuite ses bouteilles pour les commercialiser), CM (Coopérative de Manipulation – la coopérative commercialise sous sa propre marque les champagnes élaborés à partir des raisins de ses adhérents), ou encore MA (Marque Auxiliaire ou Marque d'Acheteur – le client du producteur a apposé sur le Champagne sa propre marque. Le producteur sera celui figurant après la mention « élaboré par... »).
Le cépage : la mention n'est pas obligatoire et plutôt rare, la plupart des cuvées étant un assemblage de plusieurs cépages. Toutefois, si la mention « Blanc de blancs » apparaît, cela signifiera que le Champagne est élaboré exclusivement à partir du cépage Chardonnay. Au contraire, la mention « Blanc de noirs » indiquera que le Champagne est issu exclusivement du cépage Pinot noir et/ou du cépage Meunier.
La mention premier ou grand cru : la mention « Grand Cru » signifie que le Champagne est élaboré exclusivement à partir de raisins provenant d'une ou plusieurs des 17 communes classées Grand Cru. Un Champagne « Premier Cru » sera issu quant à lui de raisins d'une ou plusieurs des 44 communes classées Premier Cru, exclusivement ou avec des raisins des 17 communes classées Grand Cru.
La couleur : si le vin est rosé, mention en sera faite sur l'étiquette. Il existe à cet égard deux types de rosés : le rosé d'assemblage est obtenu par l'ajout de vin rouge à une base de vin blanc ; le rosé de saignée (mention pouvant figurer sur l'étiquette) est obtenu suite à une macération des raisins noirs (Pinot noir et/ou Meunier) avec les jus blancs. Les rosés obtenus par saignée sont très rares en Champagne.
Le millésime : il doit figurer sur l'étiquette, ainsi que sur le bouchon. Il signifie que le Champagne est issu exclusivement de raisins de l'année indiquée. Il faut toutefois savoir que la plupart des champagnes commercialisés sont un assemblage de plusieurs années. Il en sera généralement ainsi lorsqu'aucune année est mentionnée sur l'étiquette.
Le dosage : à l'issue du dégorgement, un Champagne reçoit généralement une certaine quantité de sucre. Cette teneur en sucre (sucres naturels provenant du raisin + dosage) sera mentionnée par les indications suivantes : Brut nature (non dosé), Extra-brut (entre 0 et 6 g./l.), Brut (inférieure à 12 g./l.) et, pour les champagnes au goût plus sucré, Extra-dry (entre 12 et 17 g./l.), Sec (entre 17 et 32 g./l.), Demi-sec (entre 32 et 50 g./l.) et Doux (supérieure à 50 g./l.).
De plus en plus souvent, les producteurs donnent d'autres informations très utiles sur la contre-étiquette : histoire de la cuvée, provenance des raisins, date de dégorgement, dosage précis, certification bio, etc.
L'ouverture d'une bouteille de Champagne
L'ouverture d'une bouteille de Champagne n'est pas sans danger si l'on ne prend pas certaines précautions. Les accidents ne sont pas rares, surtout pendant les fêtes où l'on est vite moins vigilant.
La première étape est de retirer la partie de la coiffe couvrant le bouchon. Mais avant de dévisser le muselet (la partie métallique vrillée), il faut faire attention à bien maintenir le bouchon par une pression du pouce sur la capsule, pour éviter qu'il ne saute inopinément. Plutôt que de retirer le muselet avant de défaire le bouchon, qui suppose d'enlever son pouce et lâcher la pression, il est préférable de refermer sa main sur le bouchon toujours coiffé de sa capsule et son muselet.
Ensuite, ce n'est pas la main qui doit tourner, mais la bouteille. La main qui ne retient pas le bouchon doit en effet être placée sur le cul de la bouteille légèrement inclinée et la faire ainsi tourner. Dès que l'on sent le bouchon se dévisser, il n'y a plus qu'à le retenir lentement. Dans les règles de l'art, un simple « pschitt » doit être entendu à l'ouverture. Il s'agit d'ailleurs du meilleur moyen d'éviter que la mousse du Champagne soit expulsée et de perdre ainsi du liquide (les autres moyens étant de ne pas servir le Champagne trop chaud et, évidemment, de ne pas secouer la bouteille avant ouverture).
Peut-on carafer un Champagne ?
Je fais partie de ceux qui pensent que carafer un Champagne n'est pas un problème, sauf s'il s'agit d'un millésime ancien (plus de vingt ans d'âge). La perte de bulles est, en effet, très faible dès lors qu'une carafe appropriée est utilisée : celle-ci ne doit pas avoir une base trop large (j'utilise pour ce qui me concerne la carafe Swan de Riedel) et le Champagne doit y être versé délicatement en le faisant glisser le long des parois.
Le carafage d'un Champagne est cependant rarement utile, celui-ci étant généralement commercialisé à maturité, « prêt à boire ». Mais, il peut arriver que les vins de certains producteurs aient besoin d'aération. Une ouverture de la bouteille à l'avance pourrait alors aisément suffire, bien que l'effet auprès des invités ne soit pas le même que celui d'une belle carafe exposée sur la table.
À quelle température servir un Champagne ?
La température de service d'un Champagne est primordiale. Il ne faut pas le servir trop froid, car le vin ne révélera pas ses arômes et la bulle semblera agressive. Mais, il ne faut pas le servir trop chaud non plus, au risque qu'il mousse en bouche et qu'il manque d'énergie. Évidemment, il est difficile de généraliser sur une telle température car tout dépendra du style du vin. En principe, il est préférable de déguster un brut sans année entre 8 et 10 degrés. Une cuvée plus vineuse devra l'être quant à elle autour de 12 degrés (millésimé, cuvée prestige, vieux champagne).
Si par ailleurs, vous souhaitiez refroidir une bouteille au dernier moment, évitez le congélateur, qui pourrait détériorer les arômes du vin. Privilégiez le seau à glace.
Un Champagne peut-il vieillir ?
Une idée reçue voudrait qu'un champagne ne soit pas apte au vieillissement et doive être bu rapidement. C'est évidemment faux. Un champagne peut non seulement vieillir, mais il est sans doute l'un des vins qui vieillit le mieux, grâce au dioxyde de carbone qui joue un rôle protecteur. C'est ainsi qu'en 2010, des bouteilles de champagne datant des années 1830, parfaitement buvables, ont été retrouvées dans une épave au fond de la mer Baltique. Un an auparavant, la maison Perrier-Jouët invitait plusieurs experts du monde entier pour déguster la plus vieille bouteille existante, datant de 1825, là encore parfaitement buvable.
Évidemment, il ne faut pas généraliser et tous les champagnes ne gagneront pas à vieillir. Il est nécessaire qu'ils soient issus d'une grande année, avec des raisins parfaitement sains, qu'ils aient été produits par un vigneron ou une maison de qualité et enfin, qu'ils aient été conservés dans des conditions idéales (deux ans de mauvaise conservation suffiront à tuer un vin). Soulignons par ailleurs qu'avec le temps, le style du champagne va changer. Il s'exprimera dans un registre aromatique plus vineux et confit, et pourra prendre des arômes tertiaires qui pourraient dérouter le non initié : notes animales, de fleurs séchées, de champignons, d'humus, de sous-bois... Quant à la bulle, elle perd évidemment en intensité, pour devenir perlante.
Comment conserver un Champagne ?
Le Champagne est fragile, comme n'importe quel autre vin. Si la bouteille est bue dans l'année, il n'y a pas vraiment à s'inquiéter des conditions de conservation et aucune précaution particulière n'est à prendre. Si toutefois, vous souhaitiez conserver plusieurs années votre Champagne, il y a alors plusieurs règles à respecter :
– conserver les bouteilles couchées : cela permet que le liquide soit au contact du bouchon. Dans le cas contraire, ce dernier pourrait se dessécher et perdre son étanchéité. Non seulement le champagne perdrait sa bulle, mais il s'oxyderait au contact de l'air.
– privilégier une température basse et constante : la température idéale est 12°C en toutes saisons, précisément celle des caves de craie champenoises. Il est possible d'aller jusqu'à 15°C sans trop de crainte. Mais plus la cave a une température élevée, plus le vin évoluera vite : le risque étant le « coup de chaud », qui entraînera l'oxydation du vin. Il faut également prendre soin à ce que la température soit stable, ou du moins qu'elle varie peu rapidement dans un intervalle de temps court. La température d'une cave peut varier suivant les saisons, mais prenez garde lorsque les variations sont quotidiennes.
– avoir une cave avec une bonne humidité : une cave doit être au moins à 50% d'hygrométrie. Dans le cas contraire, le risque est le dessèchement du bouchon qui perdra de son étanchéité. En plus de laisser s'échapper la bulle, l'air viendra au contact du vin qui s'oxydera et pourra même couler. Il faut ainsi éviter absolument de conserver trop longtemps (plusieurs mois) du champagne au réfrigérateur, qui délivre un air sec. Privilégiez une armoire à vins thermo-régulée. Attention toutefois aux étiquettes lorsque l'hygrométrie est trop élevée (supérieure à 80%). Il vaut mieux alors les protéger avec un film alimentaire.
– éviter la lumière : si les bouteilles de vin sont opaques, c'est justement pour éviter ce que l'on appelle le « goût de lumière », une déviance aromatique liée à une exposition prolongée à la lumière. La cuvée Cristal Roederer, présentée en bouteille blanche, est vendue pour cette raison avec un film de protection anti-UV.
– éviter les vibrations et les mauvaises odeurs : elles pourraient altérer les qualités du vin. Les mauvaises odeurs pourraient notamment imprégner le vin, le bouchon étant poreux. C'est la raison pour laquelle il est conseillé de ne pas conserver les bouteilles dans leurs cartons d'emballage. Avec l'humidité, des moisissures pourraient s'y former.
Les conseils pour l'achat d'un vieux Champagne
Lors d'une vente aux enchères de vieux champagnes, si les conditions de conservation des bouteilles sont inconnues, plusieurs indices peuvent limiter les risques de mauvaises surprises :
– le niveau du vin dans la bouteille : avec la collerette, il est souvent caché. Il suffit alors de retourner la bouteille la tête en bas et de regarder l'espace vide entre le niveau du vin et le fond de la bouteille. Pour information, le niveau d'origine d'un champagne se situe généralement autour de 0,5 cm. Un niveau à 1,5 cm pour un champagne de plus de trente ans d'âge n'est pas inquiétant.
– la limpidité du vin : Si le liquide est trouble, avec beaucoup de matière en suspension, ce n'est pas bon signe. S'il y a simplement une légère poussière ou des cristaux de tartre, rien d'alarmant.
– l'état du bouchon ou de l'étiquette : si le bouchon est noir, cela peut être un signe de coulure. Le vin risquerait alors d'avoir perdu sa bulle et d'être oxydé. Si l'étiquette est en trop bel état, cela peut être un indice d'une cave trop sèche. Une étiquette en mauvais état sera au contraire plutôt bon signe, témoignant d'une conservation à un bon niveau d'hygrométrie.
Il ne s'agit cependant que d'indices et rien ne garantira de la qualité du vin dans la bouteille. Il suffit, en effet, d'un coup de chaud pendant un été caniculaire (comme 2003) pour que le vin ait été endommagé. L'ouverture d'un vieux millésime ressemble à loterie : le champagne peut être imbuvable ou extraordinaire ! C'est ça aussi la magie des vieux champagnes.
Les salons de dégustation d'avril
Pendant plusieurs jours en avril – et avec davantage d'ampleur chaque année – des producteurs parmi les plus réputés de la Champagne se réunissent pour faire déguster leurs vins clairs sur le dernier millésime et leurs champagnes.
L'origine de cet événement date de 2009, lorsque dix-sept vignerons de caractère, amoureux des terroirs champenois, décidèrent de se réunir à Aÿ. Le salon Terres et Vins de Champagne était né et allait connaître un grand succès, de sorte qu'il créa des émules. En 2011, un autre groupe de producteurs se réunissait à Reims, le jour suivant, pour le salon des Artisans du Champagne, tandis que l'année suivante, deux autres groupes emboîtaient le pas : l'un à Epernay pour le salon Terroirs et Talents de Champagne (devenu « Les Mains du Terroir de Champagne » en 2014), l'autre à Avize pour le salon Trait-d-union. En 2014, c'est quatre autres groupes qui décidèrent à leur tour de se réunir : Origines Champagne, Génération Champagne, Passion Chardonnay et les membres du Club Trésors de Champagne.